- Une vidéo parlant de la vie quotidienne de personnes porteuses de trisomie 21 a été censurée à la télévision.
- Ce cas pourrait établir un précédent pour la protection de la liberté d’expression, et contre la stigmatisation des personnes trisomiques en Europe.
STRASBOURG (le 18 mars 2022) – Le gouvernement français est appelé à s’expliquer devant la Cour européenne des droits de l’homme après avoir censuré dix-huit personnes porteuses du Syndrome de Down.
Ces personnes, partageant leur témoignage personnel dans une vidéo, entendaient déstigmatiser leur handicap. La Fondation Jérôme Lejeune, qui est depuis des années la référence en matière de recherche et de prise en charge des personnes porteuses de trisomie 21, avait soutenu la réalisation de cette vidéo qui entendait montrer les joies et les difficultés que ces personnes rencontrent dans la vie de tous les jours.
Différentes chaines de télévision françaises ont diffusé la vidéo, jusqu’à ce que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel estime que le message présenté n’était pas un “message d’intérêt général”.
“ADF International est honoré de soutenir la Fondation Jérôme Lejeune, qui dénonce cette discrimination à l’égard des personnes atteintes du Syndrome de Down. La liberté d’expression constitue la pierre angulaire de toute société démocratique et est protégée par le droit international. Pourquoi réduire au silence des personnes qui témoignent de leur vie avec un handicap? Nous espérons que la Cour reconnaîtra que ces voix sont extrêmement précieuses, et tranchera en faveur des personnes handicapées en Europe”, a déclaré Jean-Paul Van De Walle, conseiller juridique chez ADF International, qui représente la Fondation Jérôme Lejeune devant la Cour.
Parler de sa vie de trisomique “ne constitue pas un message d’intérêt général” pour le gouvernement français
La vidéo, intitulée “Chère future maman”, commence par quelques phrases tirées d’un courriel envoyé par une femme enceinte qui cherchait conseil. “J’attends un bébé. J’ai appris qu’il est porteur du Syndrome de Down. J’ai peur: à quoi ressemblera sa vie?” En guise de réponse, des personnes trisomiques ont partagé leur histoire, leurs joies et leurs défis, pour ainsi rassurer cette maman inquiète et lui dire que son enfant pourrait avoir une existence riche et épanouie.
« Peu importe l’enfant, une maman peut être heureuse! Acceptez-moi. Je ne suis pas différent de vous » demande Robin Sevette, acteur trisomique qui apparaît dans la vidéo ‘Chère future maman’.
Cette vidéo touchante a pendant un certain temps pu être diffusée en France en tant que “message d’intérêt général”.
Jusqu’au jour où le gouvernement français a émis une opinion estimant que la vidéo ne pouvait pas être considérée comme un message d’intérêt général, parce qu’elle serait, de l’avis du gouvernement, susceptible de troubler des femmes ayant fait le choix d’avorter leur enfant handicapé. Par la suite, les chaînes de télévision ont refusé de diffuser la vidéo.
En France, 96 pourcent des enfants diagnostiqués avec le Syndrome de Down sont avortés.
En Europe aussi, il doit être mis fin à la discrimination des personnes trisomiques
En 2019, dans l’Union européenne, près de 104.000 enfants sont nés avec une anomalie congénitale, soit 2,5% des naissances. Selon une estimation de 2015, l’Europe compterait 417.000 personnes trisomiques. Malgré ces nombres élevés, la discrimination et la stigmatisation persistent.
En même temps, au Royaume-Uni, une femme trisomique de 26 ans poursuit en justice le gouvernement britannique à cause d’une loi qui autorise l’avortement d’enfants porteurs de trisomie 21 jusqu’au terme de la grossesse, alors qu’en ce qui concerne les autres enfants, le délai est de 24 semaines.