- Après avoir échappé au couloir de la mort et aux menaces de mort liées à des accusations de blasphème, un couple de chrétiens pakistanais arrive sain et sauf en Europe.
- Les lois pakistanaises sur le blasphème menacent toujours la liberté de religion
PUNJAB (12 août 2021) – Cette semaine, un couple de chrétiens pakistanais qui se trouvait dans le couloir de la mort depuis sept ans pour avoir été accusés à tort de blasphème, est arrivé sain et sauf en Europe*. La Haute Cour de Lahore avait annulé leur condamnation à mort au début du mois de juin. Un tribunal de première instance avait en effet condamné Shagufta Kausar et Shafqat Emmanuel à la mort par pendaison en 2014. Depuis l’annonce de leur acquittement, les parents de quatre enfants ont reçu des menaces de mort.
« Nous sommes ravis que Shagufta et Shafqat aient enfin été libérés et soient désormais loin du danger. Malheureusement, leur cas n’est pas un incident isolé mais témoigne de la situation critique que connaissent aujourd’hui de nombreux chrétiens et autres minorités religieuses au Pakistan. Alors que le droit à la liberté de religion est protégé par la constitution pakistanaise, de nombreuses personnes sont confrontées à de graves persécutions et au déni de leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression et de réunion », a déclaré Tehmina Arora, directrice du plaidoyer pour l’Asie à ADF International, une organisation de défense des droits de l’homme qui soutient le couple.
« Nous sommes tellement soulagés d’être enfin libres. Les huit dernières années ont été incroyablement difficiles, mais nous sommes si heureux d’être réunis avec nos enfants. Nous sommes très reconnaissants que tant de personnes, en particulier les équipes d’ADF International et de Jubilee Campaign, nous aient aidés et protégés en nous mettant en sécurité. Notre pays va nous manquer, mais nous sommes heureux d’être enfin en sécurité. Espérons que les lois sur le blasphème au Pakistan seront bientôt abolies, afin que d’autres ne subissent pas le même sort que Shagufta et moi », a déclaré Shafqat Emmanuel au nom de la famille.
Condamnation à mort pour des accusations de blasphème
Le couple vivait pauvrement avec ses quatre enfants dans un complexe missionnaire de l’Église de Gojra, au Pendjab, au Pakistan. Le 18 juin 2013, des SMS soi-disant blasphématoires ont été envoyés à un religieux et à un avocat depuis un téléphone prétendument enregistré au nom de Shagufta Kausar. Kausar et son mari Shafqat Emmanuel ont été arrêtés et accusés de blasphème le 21 juillet 2013. Le couple est pourtant analphabète et n’aurait pas été en mesure d’écrire le moindre texto. Kausar a également affirmé que son téléphone avait disparu depuis un mois au moment de l’incident. On ignore qui a envoyé les messages et pour quelle raison.
Au Pakistan, le blasphème est passible de peine de mort, et, bien que personne n’ait été officiellement exécuté pour ce motif, des dizaines de personnes ont été tuées lors d’émeutes après avoir été accusées de ce crime. Emmanuel avait été torturé pour faire de faux aveux. Ils l’ont battu et ont menacé de déshabiller Kausar avant de la laisser traverser la ville. Condamnées à mort par un tribunal de première instance, Kausar et Emmanuel ont fait appel devant la Haute Cour de Lahore, qui les a maintenant acquittés de toutes les accusations.
Menacés de mort malgré leur acquittement
Soulignant les problèmes que posent les accusations de blasphème, même en cas d’acquittement, l’avocat du couple, Saif Ul Malook, a déclaré :
« Shagufta et Shafqat sont incroyablement soulagés d’avoir finalement été acquittés de ces accusations de blasphème sans fondement. Le couple a considérablement souffert des nombreux retards dans l’audition de leur appel. Ces affaires sont très difficiles à plaider, en raison des problèmes de sécurité. La vie des clients et des avocats est réellement menacée. »
Dans les pas d’Asia Bibi
Kausar a été détenu dans la même prison qu’Asia Bibi. Dans une affaire qui a fait la une des journaux du monde entier, Asia Bibi a été accusée de blasphème et détenue dans le couloir de la mort pendant huit ans, jusqu’à son acquittement en 2018. Son cas sert de célèbre exemple de la menace actuelle qui pèse sur les minorités religieuses dans la région. Après son acquittement, de violentes manifestations ont eu lieu à travers le Pakistan, la mettant en danger de mort, elle a donc été contrainte de fuir le pays.
« Les lois sur le blasphème violent directement le droit international. Combien de personnes encore devront subir le même sort qu’Asia Bibi, Shagufta et Shafqat avant qu’elles ne soient abrogées ? Toute personne a le droit de choisir et de vivre librement sa foi. Nous demandons donc instamment à tous les gouvernements de faire respecter ce droit en cessant d’appliquer et en commençant à abroger leurs lois sur le blasphème », a déclaré Paul Coleman, directeur exécutif d’ADF International.
* Pour des raisons de sécurité, leur pays d’asile n’a pas été révélé. [/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]