- Le procès en appel de Päivi Räsänen pour la publication de versets bibliques sur Twitter est en cours
- Le ministère public a soutenu que l’interprétation que Räsänen faisait de la Bible est passible de poursuites judiciaires
- Räsänen répondra à vos questions lors d’une conférence de presse en ligne organisée par ADF International le 1er septembre à 17h CEST (11h EDT)
HELSINKI (le 31 août 2023) – Le procès pénal de la parlementaire finlandaise Päivi Räsänen et de l’évêque Juhana Pohjola est en cours devant la cour d’appel d’Helsinki. À l’arrivée des accusés, des foules se sont rassemblées à l’extérieur de la cour pour manifester leur soutien à l’élue et à l’évêque, tous deux accusés de « discours de haine » pour avoir exprimé publiquement leurs convictions religieuses.
Päivi Räsänen, parlementaire depuis plus de vingt-cinq ans, médecin et grand-mère, a déclaré à son arrivée : « Tout le monde devrait pouvoir partager ses convictions sans craindre la censure des autorités de l’État. Je sais que le ministère public tente de faire de moi un exemple afin d’effrayer les autres et de les réduire au silence. Pourtant, il n’est pas nécessaire d’être d’accord avec mes opinions pour admettre que chacun devrait pouvoir s’exprimer librement. Avec l’aide de Dieu, je resterai inébranlable et continuerai à défendre le droit de chacun à la liberté d’expression. »
L’accusation en faveur de la censure
La journée a commencé par les arguments de l’accusation, le ministère public. En ce qui concerne le dépliant rédigé en 2004, et qui traitait de l’anthropologie chrétienne et de l’homosexualité, le ministère public a déclaré : « La question n’est pas de savoir si c’est vrai ou non, mais de savoir si c’est insultant ». Le procureur a également affirmé que « les auteurs de la Bible n’étaient pas inculpés » aujourd’hui, mais que l’utilisation du mot « péché » par Päivi Räsänen était « dégradante » et qu’il viole les « droits sexuels ».
De plus, le ministère public a fait valoir « nous pouvons limiter la liberté d’expression quant à la manifestation de la religion ». Puis, pointant du doigt le tweet des versets de la Bible, le procureur a résumé : « Vous avez le droit de citer la Bible, mais l’interprétation et l’opinion de Räsänen sur ces versets bibliques est criminelle ».
L’année dernière, Le ministère public a fait appel de la décision unanime du tribunal de district d’Helsinki, rendue le 20 mars 2022, qui innocentait Räsänen et l’évêque Pohjola des accusations d’ « incitation à la haine ». Le tribunal de première instance a statué qu’il ne lui appartenait pas « d’interpréter les concepts bibliques ». Pourtant, ministère public soutient que le tribunal a « mal interprété » le tweet de Räsänen et est parvenu à une conclusion erronée.
« Chacun devrait pouvoir partager ses convictions »
Madame Räsänen et l’évêque Pohjola étaient accompagnés de Paul Coleman, directeur général d’ADF International, qui soutient la défense juridique de Mme Räsänen.
« Dans une société démocratique, chacun devrait pouvoir partager ses convictions sans devoir craindre une enquête policière. La pratique qui criminalise certains propos à travers des lois sur le soi-disant « discours de haine » représente une menace importante pour nos démocraties. Des cas comme celui de Päivi Räsänen créent une culture de la peur et de la censure, et sont de plus en plus répandus dans le monde entier. Nous espérons que la Cour d’appel de Helsinki va reconnaître le droit fondamental à la liberté d’expression et va acquitter Päivi Räsänen de ces accusations sans fondement, » explique Paul Coleman, Directeur général d’ADF International, membre de l’équipe qui assure la défense de Räsänen et auteur du livre ‘Censored: How European Hate Speech Laws are Threatening Freedom of Speech’ (Censuré : Comment les lois sur le discours haineux menacent la liberté d’expression).
Jugée à cause d’un tweet
Räsänen, parlementaire de longue date et ancienne ministre de l’Intérieur, est accusée de « discours haineux » pour avoir publiquement exprimé ses convictions profondes sur le mariage et l’éthique sexuel. L’ancien procureur général de Finlande a engagé trois poursuites pénales contre Mme Räsänen, en raison du contenu d’une brochure qu’elle a rédigée sur ces sujets en 2004, de son engagement dans un débat lors d’une émission radio en 2019 et d’un tweet contenant une image de versets bibliques que Mme Räsänen avait adressé aux responsables de son église. L’évêque, quant à lui, est accusé d’avoir publié le dépliant en question. L’accusation relève de la section « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » du code pénal finlandais.
L’enquête policière contre Räsänen, membre de l’Eglise luthérienne finlandaise, a débuté lorsque Räsänen a remis en question le parrainage de la « Pride 2019 » par les responsables de son Église dans un tweet accompagné d’une image de versets bibliques. À la suite de ce tweet, Päivi a dû subir un total de 13 heures d’interrogatoires de police sur plusieurs mois, au cours desquels la police lui a demandé à plusieurs reprises d’expliquer sa compréhension de la Bible.
Räsänen est membre du parlement finlandais depuis 1995. Elle a présidé le groupe des Chrétiens Démocrates de 2004 à 2015 et a été ministre de l’Intérieur de 2011 à 2015, chargée entre autres des affaires religieuses en Finlande. En avril 2023, elle a été réélue comme parlementaire.