- Une jeune mère célibataire de Dhanbad réclame justice au tribunal après avoir été abandonnée par son mari pour avoir donné naissance à une fille.
- En Inde, augmentation de 60 % des cas de « filles disparues » au cours de la dernière décennie par rapport aux décennies précédentes en raison de l’avortement sélectif en fonction du sexe.
DHANBAD (2 juillet 2021) – En Asie du Sud, être une femme peut représenter un danger pour la vie des personnes, et ce dès avant la naissance et jusqu’à l’âge adulte. Bhavana*, une jeune mère de Dhanbad, dans le Jharkhand, connaît bien cette discrimination. Elle a été reniée par son mari et ses beaux-parents, avec lesquels elle avait vécu pendant la majeure partie de son mariage de trois ans, après avoir donné naissance à une fille plutôt qu’à un garçon en mai 2020. Bhavana, qui a survécu à de violentes attaques de la part de son mari et de ses parents alors qu’elle était enceinte, a demandé le soutien d’ADF Inde.
« L’avenir de l’Inde est intimement lié à la vie des filles et des femmes de ce pays. Mais dès les premiers stades de la vie, tout au long de l’enfance et à l’âge adulte, de nombreuses femmes d’Asie du Sud comme Bhavana et sa fille ont été confrontées à une discrimination extrême, voire fatale. À travers notre campagne Vanishing Girls, ADF Inde s’engage à construire un avenir où la dignité humaine est reconnue pour toutes les femmes et les filles, y compris celles qui sont dans l’utérus », a déclaré Anushree Barnard, porte-parole d’ADF Inde pour la campagne Vanishing Girls.
ADF Inde fournit une assistance juridique gratuite, par le biais de son réseau d’avocats alliés, aux femmes comme Bhavna qui pâtissent d’avoir donné naissance à des filles. Pour plus de détails, consultez le site www.adfindia.org/legal-aid.
De nouvelles preuves de la discrimination croissante à l’encontre des filles en Inde
En Inde, la culture de la « préférence pour les garçons » s’est traduite par une discrimination à l’égard des filles dès les premiers stades de leur vie et par un nombre très élevé d’avortements sélectifs en fonction du sexe. Cette pratique généralisée menace la vie de millions de personnes et a entraîné un grave déséquilibre du ratio filles/garçons dans tout le pays. Les données publiées en 2018 par le Registrar General of India montrent un ratio de 844 filles nées pour 1000 garçons à Delhi. De nouvelles recherches publiées en avril dans The Lancet confirment que les naissances féminines manquantes sont en augmentation. Les ratios de sexe s’aggravent dans presque tous les États, avec une augmentation globale de 60 % des cas de « filles disparues » au cours de la dernière décennie par rapport aux décennies précédentes.
Selon les experts, l’explication la plus convaincante de la disparition des filles à la naissance est la détermination prénatale du sexe, suivie de l’avortement sélectif.
La sélection prénatale des enfants en fonction du sexe – condamnée par l’Assemblée générale des Nations unies comme une « pratique néfaste » en 2019 – a été liée à une augmentation de la violence à l’égard des femmes et à une demande croissante pour la traite des êtres humains.
La rapporteuse spéciale sur la violence à l’égard des femmes est appelée à protéger les plus vulnérables.
En mai, le groupe de défense des droits de l’homme ADF International a demandé à l’organisation des Nations unies et à l’ensemble de la communauté internationale de reconnaître officiellement les pratiques de sélection du sexe comme des actes de féminicide, et donc de s’engager à les interdire et à les prévenir en vertu du droit international.
Dans ce document, adressé à la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la violence à l’égard des femmes, l’organisation demande également la mise en place d’une surveillance mondiale du féminicide afin de contrôler toutes les formes de féminicide, y compris les pratiques de sélection du sexe.
« La lutte contre le féminicide ne doit pas s’arrêter tant que chaque fille, née ou à naître, ne jouit pas de son droit à un avenir. En Inde et dans le monde entier, d’innombrables filles continuent d’être victimes de violences et de discriminations fatales avant même d’avoir la chance de naître. Tant au niveau international qu’au niveau national, il existe des protections contraignantes pour que chaque petite fille puisse jouir du droit à la vie, sans violence », a déclaré Giorgio Mazzoli, juriste à l’ONU pour ADF International à Genève.
« Il est impératif que ces normes soient mises en œuvre et appliquées efficacement. Quiconque croit que les femmes et les filles ont la même valeur et le même intérêt que les hommes et les garçons ne peut fermer les yeux sur ce qui se passe aujourd’hui. La communauté internationale et le système des Nations Unies doivent redoubler d’efforts pour s’attaquer à ce problème de droits de l’homme largement ignoré, et nous espérons que la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes se fera l’écho de cet appel », a poursuivi G. Mazzoli.
Pour lire l’intégralité du communiqué d’ADF International, cliquez ici.
*Le nom a été modifié pour des raisons de confidentialité et de sécurité.