- Le « manque de réaction appropriée » des institutions internationales face aux violations des droits de l’homme commises en Afghanistan fait craindre une aggravation de la situation.
- La société civile demande une action tangible.
- Selon des experts en matière de droits de l’homme, les chrétiens qui tentent de fuir risquent une “mort certaine”, surtout s’ils sont jugés “coupables” d’apostasie.
GENÈVE (le 27 septembre 2021) – Plus de six semaines après la prise de pouvoir rapide des talibans en Afghanistan, des organisations de la société civile réitèrent l’appel lancé à la communauté internationale pour une action résolue afin de protéger les minorités religieuses, qui se trouvent dans une situation de vulnérabilité extrême et risquent de perdre leur vie à cause de leur foi.
Dans une déclaration adressée au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève, ADF International a mis en exergue le “manque de réaction appropriée” de la part de la communauté internationale.
“Les femmes et les filles ont immédiatement été privées de leurs droits les plus élémentaires et renvoyées aux confins de la société, tandis que les membres de minorités religieuses ont été contraints de fuir une mort certaine, ou pire encore, d’aller se cacher dans les zones les plus reculées du pays, où ils sont sans espoir de secours”, déclare Giorgio Mazzoli, représentant d’ADF International auprès des Nations Unies à Genève.
Cette semaine, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, des organisations confessionnelles, parmi lesquelles ADF International, l’Alliance évangélique mondiale, Christian Solidarity Worldwide, l’Alliance baptiste mondiale, CAP Liberté de Conscience et Ethics and Religious Freedom Commission ont demandé que des actions et mesures concrètes soient prises, face aux atrocités commises en Afghanistan.
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU appelé à établir un mécanisme de surveillance spécifique
En Afghanistan, des chrétiens sur le terrain disent attendre une mort certaine. Dans les transports publics, l’on signale des exécutions de personnes qui ont la Bible sur leur téléphone portable. Les talibans ont par ailleurs déjà annoncé des plans pour “éradiquer l’ignorance que constitue l’athéisme” en utilisant les femmes et les filles non musulmanes comme des esclaves sexuelles et les garçons comme des soldats.
Le mois dernier, le Conseil des droits de l’homme a déjà été critiqué par des acteurs de la société civile pour avoir adopté une résolution estimée trop modérée. Le texte, qui omet d’inculper les talibans, a été qualifié “d’insulte au peuple afghan plutôt que d’une réponse à la crise.”
Des organisations des droits de l’homme ont appelé le Conseil à agir, entre autres en établissant un mécanisme de surveillance afin de documenter les violations des droits de l’homme commises dans le pays, notamment envers des personnes vulnérables parmi lesquelles les minorités religieuses. Le recueil d’informations est indispensable pour pouvoir demander des comptes aux responsables.
“Il est impératif que la communauté internationale emploie tous les moyens diplomatiques, politiques et autres afin de garantir que les dirigeants au pouvoir soient tenus pleinement responsables de leur manque de respect des droits de l’homme et des aspirations du peuple afghan”, explique Mazzoli.
“ADF International insiste sur le fait que le Conseil des droits de l’homme doit condamner formellement toute violence pour motifs religieux ou ethniques, doit affirmer que le respect de la liberté de religion ou de croyance doit être une condition préalable à toute interaction entre la communauté internationale et les dirigeants actuels et futurs en Afghanistan, et doit instaurer sans plus attendre un mécanisme spécifique dédié au suivi de la situation des droits de l’homme en Afghanistan, avec une attention particulière pour les droits des personnes vulnérables, y compris celles appartenant à des minorités religieuses”, ajoute-t-il.
L’UE sous pression pour agir contre les persécutions religieuses
Le Parlement européen, au début du mois, a adopté une résolution qui condamne la violence des talibans en Afghanistan et appelle à soutenir les groupes les plus vulnérables.
La résolution dépeint une image détaillée de la crise humanitaire actuelle et s’attarde notamment sur la persécution des femmes et des filles par les talibans, ainsi que sur les “fortes discriminations” exercées à l’encontre des minorités ethniques et religieuses, en mentionnant explicitement les chiites hazaras.