Skip to content

Le Coprésident de l’Intergroupe sur la liberté de religion et de conviction dénonce un “manque d’attention coupable” pour les chrétiens dans la résolution européenne sur l’Afghanistan

  • La résolution demande que l’ONU envoie une mission d’information en Afghanistan pour documenter les violations des droits
  • Le texte ne mentionne pas les 10 000 chrétiens dans le pays dont la survie est menacée

Bruxelles (le 17 septembre) – Le Parlement européen a adopté une résolution qui condamne la violence des talibans en Afghanistan, et appelle à soutenir les groupes les plus vulnérables. La résolution brosse une image détaillée de la “crise humanitaire actuelle” et s’attarde notamment sur la “persécution” des femmes et des filles par les talibans, ainsi que sur les “fortes discriminations” exercées à l’encontre des minorités ethniques et religieuses, en mentionnant explicitement les chiites hazaras.

Le député européen Carlo Fidanza, Coprésident de l’Intergroupe du Parlement européen sur la liberté de religion et de conviction a critiqué la non-reconnaissance, par le Parlement, du danger particulier auquel font face les chrétiens afghans:

“Par cette résolution, l’Europe fait preuve une fois de plus d’un manque d’attention coupable, non seulement à l’égard des chrétiens d’Afghanistan – qui sont tout à fait ignorés par le texte – mais à l’égard des chrétiens en général. Je l’ai déjà dit lorsque la proposition d’instaurer une Journée européenne pour la liberté de religion a été rejetée: il est préoccupant de constater qu’il est à présent devenu normal de passer sous le silence la tragédie que vivent les chrétiens persécutés” dit le Coprésident.

Fidanza s’inquiète également du fait qu’un tel oubli peut “entraîner une hésitation, chez les élus, à aborder la question avec les régimes qui violent quotidiennement la liberté religieuse.”

10 000 chrétiens afghans craignent pour leur vie

Selon des estimations, l’Afghanistan compte 10 000 chrétiens, qui sont actuellement en grand danger à cause de leurs convictions. La plupart d’entre eux sont des musulmans convertis au christianisme. Ils pratiquent leur foi dans la clandestinité depuis des dizaines d’années, car la conversion est considérée comme un crime passible de mort par la charia. Des informations crédibles font état d’assassinats ciblés par les forces talibanes, qui tuent les chrétiens et autres minorités découverts dans les transports publics et exécutent ceux qui ont la Bible sur leur téléphone portable. Maintenant que les talibans ont publié des plans pour “éradiquer l’ignorance de l’athéisme” en utilisant les femmes et les filles non musulmanes comme des esclaves sexuelles et les garçons comme des soldats, les chrétiens craignent aussi pour leurs enfants.

“Personne ne devrait être persécuté à cause de sa foi. En Afghanistan, des milliers de chrétiens et de croyants appartenant à d’autres minorités religieuses risquent d’être visés et tués. Nous saluons cette résolution du Parlement européen ainsi que l’attention qu’elle porte aux besoins immédiats des groupes vulnérables. Le texte constitue une première étape menant à des actions concrètes. Nous exhortons la communauté internationale à faire tout son possible pour garantir la sécurité de ceux qui sont en danger, tout simplement à cause de leurs convictions” dit Adina Portaru, avocat principal pour ADF International à Bruxelles.

Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies appelé à l’action

La résolution exhorte les talibans à mettre fin à l’exécution de civils, l’enrôlement d’enfants dans l’armée, la répression de manifestations pacifiques, en particulier parmi les communautés vulnérables, y compris les minorités religieuses. De plus, le texte appelle à l’envoi d’une “mission d’information dotée d’un mandat robuste en Afghanistan” en raison de la nécessité de documenter ces actes et de mener des enquêtes transparentes et rapides sur l’ensemble des cas rapportés de violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international, et de demander des comptes aux responsables.”

L’appel lancé par le Parlement européen pour l’envoi d’une “mission d’information” par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sera certainement salué par les défenseurs des droits de l’homme. En effet, des acteurs de la société civile avaient fait part de leur grande inquiétude vis-à-vis du texte adopté le mois dernier à Genève pendant la “session spéciale” du Conseil des droits de l’homme, qu’ils estimaient inadapté à l’urgence de la situation. Certains avaient même qualifié la résolution “d’insulte au peuple afghan plutôt que d’une réponse à la crise.”

“ADF International demeure profondément inquiet face à la détérioration rapide de la situation sécuritaire et en matière des droits de l’homme en Afghanistan. La situation sur le terrain demande une réponse immédiate, rigoureuse et coordonnée de la part de la communauté internationale. Le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales est une condition préalable indispensable pour arriver à un processus de paix et de réconciliation crédible. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU doit répondre aux craintes soulevées par le Parlement européen en instituant un mécanisme chargé de surveiller la situation des droits de l’homme en Afghanistan, en apportant une attention particulière aux droits de personnes vulnérables, notamment celles appartenant à des minorités religieuses,” estime Giorgio Mazzoli, Conseiller juridique Nations Unies pour ADF International.

Le poste d’“Envoyé Spécial pour la liberté de religion ou de croyance de l’UE” demeure vacant en pleine crise

Alors que la crise en Afghanistan ne fait que s’aggraver, on a appris, la semaine dernière, que le poste d’Envoyé Spécial pour la promotion de la liberté de religion ou de croyance à l’extérieur de l’UE est à nouveau vacant. En effet, Christos Stylianides a quitté son poste à peine 5 mois après sa nomination.

La Commission européenne avait nommé monsieur Stylianides en mai dernier, après avoir laissé le poste vacant pendant presque deux ans. Des experts en matière des droits de l’homme se disent d’ailleurs inquiets au vu des ressources financières et personnelles prévues pour mener à bien le mandat, qu’ils estiment insuffisantes.

Pour Portaru, “la situation tragique des chrétiens, des musulmans chiites et des autres minorités religieuses en Afghanistan mettent en évidence le besoin d’une action rapide par un Envoyé Spécial qui se soucie du sort des personnes les plus persécutées partout dans le monde. Si elle veut prouver son engagement en faveur des minorités religieuses vivant dans des situations précaires partout dans le monde, la Commission européenne doit nommer un successeur dans les plus brefs délais.”

Soutenez notre travail

Restez informés

Engagez-vous à nos côtés ! Inscrivez-vous pour recevoir notre bulletin d’information

« * » indique les champs nécessaires

Name*
Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.