Un pas dans la bonne direction pour la liberté d’expression sur les campus

  • Le ministère de l’éducation publie un document de proposition de référence sur la liberté d’expression à l’université
  • ADF International soutient cette mesure et demande que davantage soit fait pour lutter contre la censure sur les campus

LONDRES (16 février 2021) – Aujourd’hui, le ministère de l’éducation britannique a publié un rapport intitulé « L’enseignement supérieur : Liberté d’expression et liberté académique », qui reconnaît les effets néfastes de la censure dans les universités britanniques, et présente de nouvelles propositions pour s’attaquer au problème.ADF International, le groupe de défense des droits de l’homme qui a mené une campagne nationale appelant à une meilleure protection de la liberté d’expression sur les campus, a salué le rapport comme une évolution encourageante vers le rétablissement d’un environnement pluriel et tolérant sur les campus britanniques.

Ryan Christopher, directeur d’ADF International au Royaume-Uni, a déclaré

« Nous nous félicitons du rapport publié aujourd’hui, qui marque un progrès important vers l’objectif de protection de la liberté d’expression dans les universités. Notre récent sondage souligne l’importance de cette question. Le rapport recommande la création d’un droit de recours pour les étudiants et les personnes ayant subi les conséquences négatives de la censure dans la sphère universitaire. La reconnaissance du préjudice causé par la Cancel culture sera significative pour Julia Rynkiewicz, que nous avons soutenue après qu’elle ait été suspendue de sa formation de sage-femme à l’université de Nottingham en raison de ses opinions. Nous espérons que les propositions ouvriront l’accès à la justice à d’autres étudiants qui, comme Julia, pourraient être victimes de mesures discriminatoires ».

La publication de ce rapport arrive à point nommé. Un nouveau sondage commandé par le Reclaim Party et publié il y a quelques jours seulement a révélé que 50 % des personnes interrogées estiment que la liberté d’expression est menacée. Ces résultats confirment ceux du récent sondage d’ADF International, où 50 % des étudiants ont déclaré craindre que leurs pairs les traitent différemment s’ils exprimaient leur véritable opinion sur certaines questions importantes pour eux. Plus d’un tiers craignaient de faire part de leur opinion, au cas où cela aurait un impact négatif sur leur future carrière.

Le rapport renforce l’annonce récente de la création d’un « défenseur de la liberté d’expression » qui sera chargé de défendre la liberté d’expression et la liberté académique dans les universités. Ce défenseur pourra pénaliser directement les établissements d’enseignement supérieur ou les associations d’étudiants qui tentent d’enraciner la Cancel culture, sur la base des nouveaux pouvoirs statutaires conférés au régulateur des étudiants, l’Office des étudiants. L’ensemble des propositions récemment annoncées représente une étape importante dans la lutte contre la Cancel culture qui a limité la liberté d’expression et le débat académique au cours des dernières années.

« Ces annonces arrivent à point nommé et constituent une évolution positive, mais il faut faire davantage, notamment pour s’assurer que le personnel universitaire reçoive la formation dont il a besoin pour reconnaître et défendre la liberté d’expression des étudiants et favoriser un environnement d’apprentissage pluriel et tolérant. Si nous nous félicitons des propositions, nous continuerons à plaider pour que ces meilleures protections soient mises en pratique afin de réaliser le changement promis par le secrétaire à l’éducation Gavin Williamson lorsqu’il a identifié le problème en 2020 », a poursuivi M. Christopher.

Stop au génocide en Birmanie – les groupes de défense des droits de l’homme défendent les minorités religieuses au Conseil des droits de l’homme des Nations unies après le coup d’État militaire

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  • Les crimes contre l’humanité commis contre les musulmans, les chrétiens et d’autres groupes doivent cesser
  • ADF International appelle à une action collective de la communauté internationale après la prise de pouvoir par les militaires

GENÈVE (12 février 2021) – Les groupes internationaux de défense des droits de l’homme ont appelé à une action immédiate pour mettre fin aux graves violations des droits de l’homme qui se poursuivent en Birmanie ce vendredi à Genève. Dans une déclaration faite lors d’une session spéciale du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, Giorgio Mazzoli, juriste d’ADF International, a exhorté le Conseil à agir rapidement, à mettre fin à la persécution des Rohingyas et d’autres groupes minoritaires, et à traduire les auteurs en justice.

« Personne ne devrait être persécuté pour sa foi. La Birmanie est de nouveau aux mains de la même armée qui, depuis août 2017, mène une campagne de génocide brutale et soutenue contre la minorité musulmane rohingya dans l’État de Rakhine. La persécution omniprésente et de longue date des minorités ethniques et religieuses de Birmanie, y compris des chrétiens, est un outrage à la conscience de l’humanité, et leur situation ne fera qu’empirer sans une réponse rapide et résolue au mépris inconsidéré des droits de l’homme par les Tatmadaw », a déclaré M. Mazzoli.

Lisez la déclaration dans son intégralité :

Le génocide oblige tous les États à agir immédiatement

Les experts ont mis en garde à plusieurs reprises contre les crimes contre l’humanité voire le génocide qui se déroulent en Birmanie. Selon la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide, une action immédiate doit être entreprise si un pays commet ce crime, le plus grave de tous. Cependant, peu de mesures ont été prises jusqu’à présent, même après la prise de pouvoir militaire du 1er février. L’organisation de défense des droits de l’homme ADF International demande maintenant l’implication du Conseil de sécurité, qui est l’organe le plus puissant des Nations unies en matière de maintien de la paix internationale.

« La communauté internationale devrait chercher à obtenir un retour immédiat à un régime civil au Myanmar. Nous demandons instamment au Conseil de sécurité de sortir de l’impasse actuelle et de prendre rapidement des mesures en faveur de la démocratie et des droits de l’homme. Cela inclut l’imposition de sanctions ciblées à la fois contre les chefs militaires et contre les personnes qui les soutiennent. Les auteurs des violations flagrantes des droits de l’homme qui ont eu lieu dans le pays doivent être traduits en justice. Les dirigeants mondiaux doivent être solidaires des minorités ethniques et religieuses persécutées du Myanmar. Reconnaître la crise des Rohingyas comme un génocide, conformément au droit international, est la première étape essentielle », a déclaré M. Mazzoli.

Vietnam : des adolescents gagnent une bataille judiciaire pour aller à l’école

  • Le gouvernement dispense de l’obligation de carte d’identité trois adolescents chrétiens Hmong qui souhaitent être admis au lycée
  • La persécution des chrétiens Hmong au Vietnam est systémique et constante

VIETNAM/WASHINGTON DC (16 décembre 2020) – Trois adolescents chrétiens du Vietnam ont reçu l’autorisation de poursuivre leurs études secondaires après que le gouvernement a renoncé à exiger des documents d’identité. Ils sont membres de la communauté Hmong – une minorité ethnique chrétienne – à qui l’on refuse les documents d’identité en raison de sa religion. Sans papiers en règle, la plupart des enfants Hmong ne peuvent s’inscrire à l’école, accéder aux soins médicaux ou jouir des nombreux droits et services de base accordés aux autres citoyens. Avec l’aide de Boat People SOS et d’ADF International, Giàng Thị Xanh, Lý Thị Máng, et Sùng Seo Mang ont pu obtenir l’autorisation des autorités pour s’inscrire dans les lycées de la province de Lam Dong malgré le fait qu’ils restent fonctionnellement apatrides.

« Personne ne devrait être persécuté à cause de sa foi. Dans le contexte actuel de persécution systématique des Hmong et des Montagnards au Vietnam, ce développement récent est une victoire extraordinaire. Le fait que ces trois jeunes membres de la communauté Hmong puissent aller au lycée est un pas important dans la bonne direction et pourrait servir de modèle à beaucoup d’autres. C’est le résultat d’efforts continus de sensibilisation, et ces efforts doivent se poursuivre jusqu’à ce que les Hmong et les Montagnards chrétiens soient officiellement reconnus comme citoyens. Le gouvernement vietnamien a rendu des milliers de chrétiens au Vietnam officiellement apatrides en raison de leur religion. Pour beaucoup, le seul moyen d’échapper aux persécutions est de fuir vers des zones inhabitées, ce qui les expose à des conditions de vie dangereuses. Cette forme de persécution est une grave violation de la liberté religieuse et nous demandons instamment au gouvernement vietnamien et à la communauté internationale de la combattre », a déclaré Kelsey Zorzi, directrice du plaidoyer pour la liberté religieuse mondiale à ADF International.

Défense des droits des chrétiens au Vietnam

Les chrétiens montagnards et hmongs sont menacés au Vietnam depuis les années 1960. Le gouvernement les considère comme une menace pour la « sécurité nationale » et l’ « unité nationale », et ils sont privés des droits fondamentaux des citoyens. Ils sont soumis à la contrainte, à l’emprisonnement et parfois même à la torture afin de les forcer à renoncer à leur foi et à se convertir à des religions contrôlées par le gouvernement. Les autorités locales leur refusent les documents d’ « enregistrement du foyer », ce qui les empêche de demander des cartes d’identité de citoyenneté, de posséder des biens, d’obtenir un emploi légal, d’ouvrir un compte bancaire ou de bénéficier de services publics. Dès lors ils sont fonctionnellement apatrides dans leur propre pays. Certains fuient vers des régions inhabitées du pays où ils vivent dans des conditions dangereuses et insalubres, tandis que d’autres demandent l’asile à l’étranger.

« Il est encourageant de constater une amélioration de la situation de la minorité chrétienne Hmong au Vietnam. Néanmoins, le pays continue de ne pas respecter les droits des minorités religieuses et les normes internationales en matière de liberté de religion ou de croyance. En tant que partie à un certain nombre de traités sur les droits de l’homme, le Vietnam devrait faire davantage pour protéger les droits des groupes les plus vulnérables du pays », a déclaré Paul Coleman, directeur exécutif d’ADF International.

Égypte : en prison pour une publication sur Facebook

Un chrétien jugé et menacé pour une publication sur sa foi sur les réseaux sociaux 

Les restrictions mondiales en matière de religion n’ont jamais été aussi élevées (étude Pew)

AL-MINYA (27 novembre 2020) – Omar* a passé plus de trois mois en prison en Egypte pour avoir posté une publication sur Facebook. Il a été accusé d’avoir partagé un billet sur le christianisme, que certains ont jugé insultant pour l’islam. Sa peine de prison a été prolongée à plusieurs reprises lors de nombreuses audiences. Le juge est peu disposé à le libérer en raison des manifestations et de la crainte qu’Omar soit tué par la foule. ADF International appelle le gouvernement égyptien à assurer sa libération rapide et en toute sécurité.

« Personne ne devrait être persécuté à cause de sa foi. Les lois sur le blasphème violent directement le droit international. Tous les gens ont le droit de choisir et de vivre librement leur foi. La liberté de partager sa foi sur les réseaux sociaux fait partie du droit à la liberté religieuse. Non seulement les droits fondamentaux d’Omar sont violés, mais sa vie est aussi en danger en raison même de sa foi. Nous demandons instamment à tous les gouvernements de cesser de persécuter les chrétiens en appliquant leurs lois sur le blasphème et de veiller à ce que leurs droits à la liberté de religion et d’expression soient protégés », a déclaré Kelsey Zorzi, directrice du plaidoyer pour la liberté religieuse mondiale pour ADF International.

Persécution des minorités en Égypte

Après avoir été arrêté, Omar a été soumis à de nombreuses comparutions devant le tribunal. À chaque fois, son emprisonnement a été prolongé. Des foules hostiles se sont formées contre lui dans son village et sa famille a été harcelée. En Égypte, les chrétiens et d’autres minorités religieuses sont victimes de violences et d’attaques collectives. Le taux d’enlèvements de femmes et de jeunes filles chrétiennes pour mariage forcé et conversion a également augmenté ces dernières années. Plutôt que de protéger les minorités, les autorités ne font pas grand chose pour mettre fin à ces persécutions et préfèrent arrêter les membres des groupes minoritaires ciblés afin d’apaiser la foule.

Les lois sur le blasphème en Égypte rendent illégal « l’incitation à la sédition et à la division » ou le fait d’apporter « le mépris et le dédain » à « toute religion spirituelle ou secte lui appartenant ». Les chrétiens et les autres minorités religieuses ont été confrontés à des restrictions de leur liberté d’expression, mais aussi à la persécution et à la prison pour avoir témoigné de leur foi.

L’Égypte n’est pas le seul pays dans lequel les minorités religieuses sont persécutées et ne peuvent jouir de leur droit à la liberté de religion. Tout récemment, le Pew Research Center a publié une nouvelle étude indiquant que les restrictions gouvernementales en matière de religion ont atteint un niveau sans précédent dans le monde. Selon cette étude, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord présente le niveau médian le plus élevé de restrictions gouvernementales en matière de religion.

Paul Coleman, directeur exécutif d’ADF International a déclaré : « Les minorités religieuses, et les chrétiens en particulier, sont confrontés à une persécution grave et généralisée. Personne ne devrait fermer les yeux sur la situation difficile à laquelle les chrétiens sont confrontés chaque jour en Égypte et dans de nombreux autres pays du monde ».

*le nom a été changé pour des raisons de sécurité

Suspension de l’interdiction du culte à Genève, reprise des rassemblements religieux

GENÈVE (4 décembre 2020) – L’interdiction totale des célébrations et événements religieux à Genève a été suspendue par la Chambre constitutionnelle suisse du canton de Genève. La Cour doit encore décider si l’interdiction constitue une violation du droit à la liberté de religion après qu’un groupe de citoyens concernés a déposé un recours contre elle. Bien que la suspension ne constitue pas une décision finale, elle indique que l’interdiction n’est pas proportionnée et que les célébrations et rassemblements religieux sont désormais autorisés jusqu’à ce qu’un jugement définitif soit rendu. La Chambre a indiqué que la probabilité que l’affaire aboutisse finalement est « élevée ou très élevée ».

« La suspension de l’interdiction jusqu’à ce que le tribunal rende une décision finale est un pas important dans la bonne direction. Cette interdiction constitue une violation grave des droits fondamentaux que la Suisse s’est engagée à protéger dans un certain nombre d’accords internationaux sur les droits de l’homme. La liberté religieuse est un droit fondamental de l’homme et les gouvernements qui cherchent à la restreindre doivent prouver que la restriction est vraiment nécessaire et qu’une approche moins restrictive ne fonctionnerait pas. Favoriser les entreprises commerciales au détriment des services religieux est non seulement discriminatoire, mais ignore aussi la solide protection de la liberté religieuse qui existe dans le droit national et international », a déclaré Jennifer Lea, conseillère juridique d’ADF International, un groupe mondial de défense des droits de l’homme basé notamment à Genève qui a soutenu cette affaire.

L’interdiction est une menace pour la liberté religieuse

Plusieurs communautés religieuses ont apporté leur soutien au recours intenté contre l’interdiction totale des services et événements religieux à Genève. Le règlement fait partie des mesures prises par Genève pour contrer l’épedémie de la COVID-19. Il interdit tous les rassemblements religieux, à l’exception des enterrements en petit comité et des mariages. Si les cérémonies religieuses sont interdites, d’autres rassemblements publics sont autorisés, tels que des manifestations et des répétitions de chorales professionnelles.

Cette interdiction est la seule et la première de ce type en Suisse et dans la plupart des pays d’Europe. Des interdictions générales similaires des offices religieux ont été annulées en Allemagne et en France tandis que, dans d’autres pays, les gouvernements et les groupes religieux ont travaillé ensemble pour trouver des solutions réalistes. Le recours judiciaire déposé à Genève a été soutenu publiquement par les communautés juives et chrétiennes.

« Les restrictions des droits fondamentaux doivent toujours être proportionnées et s’avérer réellement nécessaires. Étant donné que d’autres rassemblements publics sont toujours autorisés, nous ne voyons pas la proportionnalité de cette restriction – elle vise les groupes religieux de manière discriminatoire. C’est pourquoi nous avons décidé de la contester devant les tribunaux. Nous espérons que les tribunaux finiront par reconnaître qu’il s’agit d’une violation des droits fondamentaux et qu’une solution sera trouvée pour protéger les droits de tous les citoyens suisses et établir un bon précédent pour le reste de l’Europe », a déclaré le Dr Samuel Sommaruga, au nom duquel le recours a été introduit.

Steve Alder, l’avocat de Genève qui a porté l’affaire devant les tribunaux, a déclaré : « La Suisse a de bons antécédents en matière de protection de la liberté de religion de ses citoyens. C’est un exemple de démocratie et de droits de l’homme. Il est d’autant plus inquiétant de voir une interdiction totale de tous les rassemblements et événements religieux sous une forme aussi drastique. Il s’agit de l’une des interdictions les plus larges de ce type en Suisse et dans la plupart des pays d’Europe où des interdictions similaires ont été contestées avec succès. Son application constitue une violation du droit à la liberté de religion tel qu’il est protégé par la Constitution suisse et par les normes internationales en matière de droits de l’homme. Elle vise de manière disproportionnée les activités des groupes religieux par rapport aux activités économiques. De nombreux groupes religieux à Genève ayant exprimé leurs préoccupations quant au caractère disproportionné de l’interdiction, nous espérons que les autorités finiront par s’entendre sur une solution qui protège le droit de chacun à pratiquer sa religion, conformément au droit international. La suspension de l’interdiction est un pas encourageant dans cette direction ».