Au lieu de fêter le premier anniversaire de son acquittement, Päivi Räsänen est contrainte à défendre à nouveau sa liberté d’expression pendant un deuxième procès

  • Malgré un jugement unanime par lequel la parlementaire finlandaise Päivi Räsänen et l’évêque Pohjola ont été acquittés de toutes charges, leur calvaire entre dans sa quatrième année.
  • La campagne de censure perdure et met en danger le droit d’exprimer des points de vue chrétiens en public.

HELSINKI (le 28 mars 2023) – La liberté d’expression vaincra-t-elle en Finlande? En célébrant le premier anniversaire de son acquittement le 30 mars, la parlementaire finlandaise Päivi Räsänen a bon espoir – même si le procureur général ne lâche pas prise, et qu’elle devra bientôt se présenter devant la cour pour un deuxième procès sur son tweet biblique.

Pourtant, le 30 mars 2022, le tribunal régional de Helsinki l’avait acquittée de toutes les charges, en statuant “qu’il ne revient pas au tribunal d’interpréter des principes bibliques”. Mais en avril dernier, le procureur a interjeté appel contre l’acquittement, en demandant une amende de dizaines de milliers d’euros ainsi que la censure des ouvrages de Räsänen et Pohjola.

“La continuation de cette campagne de censure contre des idées pacifiques crée un précédent dangereux et montre bien à quel point la liberté d’expression est menacée. Je vais continuer à me battre pour la défendre parce qu’elle est la pierre angulaire de toute société libre et démocratique. J’espère que la Cour d’appel suivra la décision du tribunal régional et que je serai à nouveau acquittée” dit Päivi. Elle vous raconte comment elle a vécu le procès jusqu’ici.

La liberté d’expression tombe encore plus bas

L’ancienne ministre de l’Intérieur avait été accusée de “crime de haine” parce qu’elle avait partagé ses idées d’inspiration religieuse sur le mariage et la sexualité dans un tweet et lors d’une émission-débat à la radio en 2019, et dans un livret rédigé en 2004. Mgr. Pohjola, de son côté, était accusé d’avoir publié ledit livret pour le distribuer ensuite aux membres de sa congrégation il y a 17 ans. Le procès avait été fortement médiatisé l’an dernier, tandis que des experts en droits de l’homme se disaient inquiets de la menace qui pesait sur la liberté d’expression en Finlande.

“Lorsqu’une parlementaire respectée est mise en procès à deux reprises parce qu’elle a partagé ses convictions profondes par un tweet quatre ans plus tôt, on ne peut que conclure que la liberté d’expression en Europe est tombée encore plus bas. Toute personne qui comprend l’importance de la liberté d’expression devrait s’indigner du fait que cette chasse aux sorcières continue. Le procureur veut que Päivi serve d’exemple; à travers elle, le procureur cherche à faire taire d’autres voix croyantes. Cela n’a pas marché la première fois, et nous espérons que la liberté va gagner une fois de plus” a déclaré Paul Coleman, auteur du livre ‘Censored: How European Hate Speech Laws are Threatening Freedom of Speech’ (Censuré: Comment les lois sur le discours haineux menacent la liberté d’expression) et Directeur Exécutif d’ADF International, l’association de défense juridique qui accompagne l’avocat de Päivi Räsänen.

Jugée pour un tweet

L’enquête policière contre Räsänen a débuté en juin 2019. En tant que membre active de l’Église évangélique-luthérienne de Finlande, elle avait envoyé un tweet aux responsables de son église pour les questionner sur leur décision de soutenir officiellement l’évènement LGBT « Pride 2019 », en ajoutant une photo d’un passage de l’Épître aux Romains. Ce tweet a donné lieu à des investigations supplémentaires, qui ont même remonté jusqu’à un livret religieux qu’elle avait rédigé il y a près de 20 ans.

Au cours des deux dernières années, Räsänen a dû subir des interrogatoires de police pendant treize heures au total. Chaque fois, les policiers l’interrogeaient sur ses convictions chrétiennes et lui faisaient développer son interprétation de la Bible.

En avril 2021, la procureure générale avait retenu trois chefs d’accusation contre Räsänen, malgré la forte recommandation de la part des services de police d’abandonner les poursuites pour deux de ces charges. Par ailleurs, les propos tenus par Räsänen n’enfreignent en aucun sens les règles de Twitter ni celles de la chaîne radio nationale, ce qui explique pourquoi on peut toujours les retrouver sur ces plateformes.

Le procès de la Bible

Pendant les deux jours d’audience, le 24 janvier et le 14 février 2022, l’avocat de Räsänen, soutenu par l’association de défense juridique ADF International, avait fait valoir qu’un jugement de culpabilité porterait gravement atteinte à la liberté d’expression en Finlande. Selon lui, les propos de Räsänen correspondent aux enseignements chrétiens.

Dans son jugement, la cour a admis que s’il est vrai les propos de Räsänen peuvent déranger certaines personnes, “il faut qu’il y ait une raison impérieuse d’intérêt général pour intervenir et restreindre la liberté d’expression”. Selon la cour, il est clair que dans ce cas, une telle raison fait défaut.

Le 30 mars 2022, le tribunal régional de Helsinki avait prononcé un acquittement et condamné le ministère public à payer les frais de justice qui s’élèvent à plus de 60.000 euros. Cependant, à la différence de beaucoup d’autres juridictions, la loi finlandaise permet au procureur d’interjeter appel de tout verdict de non-culpabilité jusqu’à la Cour suprême de Finlande. Pour sa part, Räsänen se dit prête à défendre la liberté d’expression devant n’importe quelle instance, au besoin même devant la Cour européenne des Droits de l’homme.

Räsänen est membre du parlement finlandais depuis 1995. Elle a présidé le groupe des Chrétiens Démocrates de 2004 à 2015 et a été ministre de l’Intérieur de 2011 à 2015, chargée entre autres des affaires religieuses en Finlande.

Cour Européenne des Droits de l’Homme : condamnation de la Belgique pour violation du droit à la vie dans une affaire d’euthanasie

  • La Cour européenne des droits de l’homme estime que la Belgique aurait dû examiner de façon plus appropriée les circonstances dans lesquelles s’est déroulée l’euthanasie de Godelieva de Troyer, en 2012.
  • Bien que l’arrêt ne remette pas en cause le cadre légal relatif à l’euthanasie en Belgique, les faits et éléments du dossier illustrent clairement les risques entourant la légalisation et la pratique de l’euthanasie, ainsi que l’inefficacité des ‘garanties’ (conditions) légales.

STRASBOURG (le 4 octobre 2022) – Dans une affaire importante concernant le droit à la vie, la Cour européenne des droits de l’homme a donné raison à Tom Mortier, fils de Godelieva de Troyer décédée en 2012 suite à une injection létale euthanasique, à l’âge de 64 ans. L’euthanasie avait été effectuée sur la base d’un diagnostic de “dépression incurable”. Dans son arrêt consacré au cas “Mortier contre Belgique”, la Cour condamne la Belgique pour violation de la Convention européenne des droits de l’homme, parce qu’elle n’a pas examiné correctement les circonstances alarmantes entourant la demande d’euthanasie.

La Cour constate que la Belgique a violé l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui stipule que le droit de toute personne à la vie doit être protégé par la loi. Elle fait notamment référence à l’examen des circonstances de l’euthanasie par la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie, ainsi qu’au manque de célérité d’une procédure pénale intentée après le décès de Godelieva de Troyer. La Cour a cependant également estimé que la loi belge sur l’euthanasie avait été respectée.

“Tenant compte du rôle crucial joué par la Commission dans le contrôle a posteriori de l’euthanasie, la Cour estime que le système de contrôle établi en l’espèce n’assurait pas son indépendance”. Pour la Cour, la Belgique a manqué à son obligation procédurale qui découle de l’article 2 de la Convention, autant en raison du manque d’indépendance de la Commission qu’en raison de la lenteur de la procédure pénale. En revanche, la Cour, par cinq voix contre deux, n’a pas estimé que la loi belge relative à l’euthanasie violait le droit à la vie, consacré à l’article 2 de la Convention.

“Nous saluons le fait que la Cour ait constaté une violation de l’article 2, car cela illustre clairement l’inaptitude de toute condition légale ou ‘garantie’ légale à encadrer adéquatement les pratiques visant à mettre intentionnellement fin à la vie. Cette décision remet en cause l’existence d’un soi-disant ‘droit de mourir’ et met en lumière les graves dérives inévitablement observées au sein de la société lorsque l’euthanasie est légalisée.

Malheureusement, alors que la Cour indique que l’introduction de ‘garanties’ supplémentaires pourrait contribuer à une meilleure protection du droit à la vie, elle démontre, par son propre arrêt, que les lois et protocoles déjà en place n’ont pas réussi à protéger les droits de la mère de Tom. S’il est dommage que la Cour ait rejeté la contestation de la législation belge relative à l’euthanasie, il n’en demeure pas moins vrai que désormais, en Europe et dans le monde entier, des doutes fondés existent quant à l’aptitude de conditions légales à effectivement protéger les personnes vulnérables, là où l’euthanasie est légalisée.

En réalité, une fois la pratique autorisée, aucune ‘garantie’ légale n’est en mesure d’atténuer les dangers qui l’accompagnent inévitablement. Rien ne pourra faire revenir la mère de Tom, mais nous espérons tout de même que ce jugement lui rend, dans une certaine mesure, justice”, explique Robert Clarke, Directeur adjoint d’ADF International, qui a représenté Tom Mortier devant la Cour.
Les éléments du dossier mettent en exergue les dangers qui accompagnent la dépénalisation de l’euthanasie, et démontrent que même des ‘garanties’ ancrées dans la loi (conditions légales) ne suffisent pas à protéger le droit à la vie lorsqu’il est légalement permis de provoquer la mort d’un individu.

La mère de Tom avait pris contact avec un oncologue connu comme étant le plus fervent défenseur du ‘droit à l’euthanasie’ du pays, qui avait ensuite accepté de l’euthanasier. En l’espace de quelques mois, celui-ci l’avait envoyée consulter d’autres médecins, membres ou proches d’une association qu’il préside, malgré la disposition légale qui exige plusieurs opinions indépendantes lorsqu’il est question de personnes dont le décès n’est pas attendu prochainement. L’euthanasie n’est par ailleurs intervenue qu’après que la mère de Tom ait effectuée une donation à l’association précitée, promouvant le ‘droit de mourir dans la dignité’, et fondée par ce même médecin. De plus, ce médecin, qui a finalement effectué l’euthanasie, est coprésident de la commission fédérale chargée de contrôler (a posteriori) la légalité des euthanasies effectuées – y compris celle de la mère de Tom Mortier, ce qui a nécessairement donné lieu à un grave conflit d’intérêt. En Belgique, l’on recense en moyenne sept euthanasies par jour, sur une période de vingt ans. Pourtant, jusqu’à présent, la commission n’a renvoyé qu’un seul dossier pour une investigation plus approfondie.

“Le vrai problème est qu’apparemment, dans notre société, nous avons oublié ce que signifie prendre soin les uns des autres ”

Voilà ce qu’a dit Tom Mortier après avoir été informé du décès de sa mère. Ni lui-même, ni d’autres membres de sa famille n’avaient été consultés au sujet de la demande d’euthanasie. Selon l’oncologue qui a administré l’injection mortelle, sa mère souffrait d’une ‘dépression incurable’.

L’euthanasie a été légalisée en Belgique en 2002. La loi stipule que la personne en question doit “se trouver dans une situation médicale sans issue et faire état d’une souffrance physique ou psychique constante et insupportable qui ne peut être apaisée et qui résulte d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable”.

Pourtant, la maman de Tom Mortier était en bonne santé physique. Son psychiatre traitant, qui l’a accompagnée pendant plus de 20 ans, n’était pas convaincu que, la concernant, les conditions de la loi belge relative à l’euthanasie étaient rencontrées. Ni l’oncologue qui lui a administré l’injection, ni l’hôpital où elle se trouvait n’ont pris la peine de mettre le psychiatre traitant au courant de la demande d’euthanasie. Quant à son fils, il ne l’a appris que le lendemain du décès, lorsque l’hôpital l’a contacté pour lui demander de s’occuper des arrangements administratifs et pratiques nécessaires.

Tom Mortier se souvient: “Ma mère souffrait de troubles psychologiques graves. Elle est allée de déprime en déprime tout au long de sa vie. Elle a été en traitement psychiatrique pendant des années, et malheureusement, pendant quelque temps, je l’ai un peu perdue de vue. C’est pendant cette période qu’elle a trouvé la mort par injection létale. Jamais je n’aurais pensé ne plus la revoir.”

En réaction au jugement, il a déclaré:

“C’est ainsi que se termine une triste histoire. Bien que rien ne puisse atténuer la douleur de la perte de ma mère, j’espère que la décision de la Cour, selon laquelle il y a effectivement eu violation du droit à la vie, attirera l’attention du monde sur l’immense préjudice que l’euthanasie inflige non seulement aux personnes en situation de vulnérabilité qui envisagent de mettre fin à leur vie, mais aussi à leurs proches et, en fin de compte, à la société toute entière”.

Un précédent positif établi par la Cour européenne des droits de l’homme

“Ce jugement nous rappelle explicitement que les prétendues ‘garanties’ sont inopérantes, car la pratique de tuer intentionnellement une personne n’est jamais sans danger. Nous devons redoubler d’ardeur et défendre le droit à la vie, la vérité et la dignité inhérente à toute personne, quel que soit son âge ou son état de santé”, a déclaré Robert Clarke.

FLASH INFO : parlementaire finlandaise gagne sur tous les chefs d’accusation dans le procès du tweet biblique

Päivi standing outside
  • La parlementaire finlandaise Päivi Räsänen et l’évêque Pohjola ont été acquittés lors du procès de la liberté d’expression fortement médiatisé
  • L’ancienne ministre de l’Intérieur avait été inculpée de trois charges criminelles pour avoir partagé ses opinions d’inspiration religieuse, y compris sur Twitter
  • Rendez-vous ici pour la conférence de presse aujourd’hui à 16h00 HNEC

HELSINKI (le 30 mars 2022) – Un tribunal finlandais a confirmé le droit à la libre expression en acquittant de toutes charges la parlementaire finlandaise Päivi Räsänen et l’évêque Juhana Pohjola. Dans un arrêt unanime, le tribunal a conclu que « il n’appartient pas au tribunal de district d’interpréter les concepts bibliques ». Le procureur est contraint de payer plus de 60 000 euros de frais de justice et a un délai de sept jours pour faire appel de ce jugement.

L’ancienne ministre de l’Intérieur avait été accusée d’avoir tenu des “propos haineux” parce qu’elle avait partagé ses convictions d’inspiration religieuse sur le mariage et l’éthique sexuelle. L’ancienne ministre des Affaires intérieures avait évoqué ces sujets dans un tweet et pendant une émission radio en 2019, ainsi que dans un livret publié en 2004. L’évêque avait été accusé pour avoir publié le livret de Räsänen à l’attention des membres de sa congrégation il y a 17 ans. Le procès a attiré l’attention des médias internationaux, tandis que des experts en droits de l’homme s’inquiétaient de la menace qui pesait sur la liberté d’expression en Finlande.

“Je suis tellement reconnaissante envers la cour, qui a bien compris que la liberté d’expression était en danger et qui s’est prononcée en notre faveur. Maintenant que je suis acquittée, je me sens libérée d’un poids énorme. Même si je me félicite d’avoir défendu la liberté d’expression, j’espère que ce verdict saura épargner un calvaire similaire à d’autres personnes” a dit Päivi Räsänen après son acquittement.

Le procès de la doctrine chrétienne

Le procès avec ses accusés de haut niveau a été fortement médiatisé, notamment depuis qu’au cours de l’audience, la procureure s’est mise à attaquer des éléments fondamentaux de la doctrine chrétienne et à interroger Räsänen et l’évêque sur la théologie. La procureure avait commencé la première journée du procès en tentant d’expliquer qu’elle ne cherchait pas à faire le procès de la Bible ni de n’importe quelle conviction.

Tout de suite après, elle avait cité des versets de l’Ancien Testament, pour ensuite critiquer la doctrine qui encourage à “aimer le pécheur tout en détestant le péché”. Dans sa déclaration de clôture, elle avait prétendu que l’utilisation du mot “péché” peut être “nocive” et avait ensuite réclamé qu’une éventuelle condamnation soit accompagnée de lourdes amendes.

La liberté d’expression prend le dessus

L’avocat de Räsänen, soutenu par l’association de défense juridique ADF International, fait valoir qu’un jugement de culpabilité aurait gravement porté atteinte à la liberté d’expression en Finlande. Selon lui, les propos de Räsänen correspondent aux enseignements chrétiens.

La Cour a reconnu que même si certains peuvent avoir des objections aux déclarations de Räsänen, « il doit y avoir une raison sociale prépondérante pour interférer et restreindre la liberté d’expression ». La Cour a conclu que cette justification n’existait pas.

“Nous nous réjouissons de la décision du tribunal régional de Helsinki. Ceci est un verdict important, qui maintient le droit à la liberté d’expression en Finlande. Dans une société véritablement libre, chacun devrait pouvoir partager ses convictions sans devoir craindre la censure. C’est sur cela que repose une société libre et démocratique. Interdire certaines convictions à travers des lois contre le “discours haineux”, c’est rendre impossible tout débat ouvert dans l’espace public, ce qui représente un grave danger pour nos démocraties” a ajouté Coleman, auteur du livre ‘Censored: How European Hate Speech Laws are Threatening Freedom of Speech’ (Censuré : Comment les lois sur le discours haineux menacent la liberté d’expression).

Conférence de presse à 16h00 HNEC

ADF International organisera une conférence de presse le 30 mars à 16h00 HNEC. La députée Päivi Räsänen, l’évêque Juhana Pohjola et Paul Coleman, directeur exécutif d’ADF International, seront disponibles pour répondre aux questions après leurs déclarations. Veuillez vous inscrire ici pour accéder au lien Zoom : https://adfinternational.org/paivi-press-conference-invitation/.

Mobilisation internationale autour de la liberté d’expression

Au cours des deux jours d’audience (le 24 janvier et le 14 février), de nombreuses personnes s’étaient rassemblées devant le tribunal de Helsinki afin de montrer leur soutien à la parlementaire et à l’évêque. En Hongrie, plus de 3000 personnes ont participé à une manifestation devant l’ambassade de Finlande à Budapest pour protester contre les accusations avant la clôture des débats.

Räsänen a aussi reçu des lettres de soutien de nombreuses dénominations, parmi lesquelles le Concile luthérien international qui représente des évêques et des présidents de synode des quatre coins du monde, l’Alliance évangélique européenne, les églises catholiques et pentecôtistes de Lituanie, ainsi que de la part de représentants des églises évangéliques, catholiques, baptistes, pentecôtistes, réformées et unitaires de Roumanie, de l’église évangélique de Macédoine, d’ONG chrétiennes en Lettonie et de particuliers.

Plusieurs sénateurs américains ont adressé une lettre à Rashad Hussain, Ambassadeur itinérant des États-Unis pour la liberté religieuse internationale, en se disant “alarmés” par le procès contre Räsänen: “Nous sommes très inquiets de voir que la législation finlandaise contre les propos haineux équivaut en pratique à une législation anti-blasphème. Elle pourrait ouvrir la porte à des poursuites de pieux croyants, qu’ils soient chrétiens, musulmans, juifs ou autres, tout simplement parce qu’ils ont exprimé leurs convictions d’inspiration religieuse en public”, écrivent-ils.

Et en janvier, des parlementaires britanniques avaient déposé une motion d’urgence au Parlement pour attirer l’attention sur le procès controversé et exprimer leur préoccupation quant aux “conséquences possibles de l’affaire pour d’autres pays”.

Jugée pour un tweet

L’enquête policière contre Räsänen a débuté en juin 2019. En tant que membre active de l’Église évangélique-luthérienne de Finlande, elle avait envoyé un tweet aux responsables de son église pour les questionner sur leur décision de soutenir officiellement l’évènement LGBT ‘Pride 2019’, en ajoutant une photo d’un passage de l’Épître aux Romains. Ce tweet a donné lieu à des investigations supplémentaires, qui ont même remonté jusqu’à un livret religieux qu’elle avait rédigé il y a près de 20 ans.

Au cours des deux dernières années, Räsänen a dû subir de nombreux et interminables interrogatoires de police à propos de ses convictions chrétiennes, durant lesquels les forces de police lui ont fait développer son interprétation de la Bible à maintes reprises.

En avril 2021, le procureur général finlandais avait retenu trois charges criminelles contre Räsänen. Deux d’entre elles ont été retenues malgré la forte recommandation, de la part des services de police, d’abandonner les poursuites. Par ailleurs, les propos tenus par Räsänen n’enfreignaient en aucun sens les règles de Twitter ni celles de la chaîne radio nationale, ce qui explique pourquoi on peut encore les retrouver sur ces plateformes. À présent, le tribunal régional de Helsinki a acquitté Räsänen de toutes les charges.

Räsänen est membre du parlement finlandais depuis 1995. Elle a présidé le groupe des Chrétiens Démocrates de 2004 à 2015 et a été ministre de l’Intérieur de 2011 à 2015, chargée entre autres des affaires religieuses en Finlande.

Censure de publicités pro-vie en Slovénie – Décision attendue

  • Une compagnie de bus slovène a censuré des messages en faveur de la vie.
  • L’organisme national pour l’égalité des chances a jugé la compagnie de bus publique coupable de discrimination.

LJUBLJANA (9 juin 2021) – Les organismes de services publics peuvent-ils retirer les publicités que les autorités décident de ne pas aimer ? En Slovénie, une société de bus appartenant à l’État a retiré des publicités commandées par l’ONG pro-vie Zavod ŽIV!M en 2018. Ils ont jugé « intolérants » les messages « Nous aimons la vie ! », « Vous n’êtes pas seule », « Sortez du silence » et « Je pleure mon enfant », accompagnés de photos d’une famille heureuse, d’une mère en deuil et d’une femme tenant un test de grossesse. La compagnie de bus publique avait signé un contrat pour afficher les publicités pendant quelques mois, mais les a retirées après un peu plus d’une semaine. Lorsque Zavod ŽIV!M a demandé réparation, l’organisme national slovène chargé de l’égalité, appelé « Défenseur de l’égalité », a estimé que la compagnie de bus avait fait preuve de discrimination à l’égard de l’ONG pro-vie. La compagnie de bus poursuit maintenant le Défenseur pour contester cette décision. Le tribunal devrait annoncer sa décision ce mois-ci.

« Chaque vie est précieuse. Nous voulons soutenir les femmes en crise, en particulier celles qui sont confrontées à des grossesses non planifiées ou à la perte d’un enfant. Nos publicités sur les bus étaient destinées à leur montrer qu’elles ne sont pas seules. Nous voulons leur offrir aide et assistance », a déclaré Darja Pečnik, directrice de Zavod ŽIV!M.

La censure d’État, une préoccupation croissante en Europe

« Dans un marché libre des idées, chacun devrait pouvoir partager des messages librement, sans craindre la censure. Les militants de Zavod ŽIV!M estiment que chaque vie humaine a de la valeur. En partageant et en annonçant ce point de vue, ils ont exercé leur droit fondamental à la liberté d’expression. Nous espérons que le tribunal confirmera les conclusions du Défenseur slovène du principe d’égalité, selon lesquelles la suppression des publicités était effectivement discriminatoire », a déclaré Tomaž Pisk, l’avocat principal représentant Zavod ŽIV!M.

Les experts en droits de l’homme d’ADF International ont également exprimé leur inquiétude concernant cette affaire :

« La liberté d’expression est le fondement de toute société libre et démocratique. Pourquoi ces déclarations et photos inoffensives d’une famille heureuse, d’une mère en deuil et d’une femme tenant un test de grossesse devraient-elles être considérées comme intolérantes ? N’oublions pas que la Cour européenne des droits de l’homme a affirmé que le droit à la liberté d’expression protège non seulement les idées populaires, mais aussi celles qui choquent, offensent et dérangent. La suppression des publicités sur les bus n’est rien d’autre que de la censure, qui porte atteinte au droit à la liberté d’expression de Zavod ŽIV!M », a déclaré Adina Portaru, avocate principale d’ADF International, une organisation de défense des droits de l’homme qui soutient Zavod ŽIV!M.

La censure d’État est un problème croissant en Europe. Dans un cas similaire au Royaume-Uni, un autre message d’espoir a été retiré des bus par les autorités en 2018. Les affiches annonçaient un projet de festival christique auquel participait le pasteur Franklin Graham. Elles ne portaient que le titre « A Time for Hope », la date et le lieu du festival, avec une invitation à réserver des billets gratuits. Cette année, un tribunal britannique a jugé que la censure de ces publicités avait été discriminatoire. Pour plus d’informations sur l’action d’ADF International en faveur de la protection de la liberté d’expression, consultez le site www.adfinternational.org.

 

Comment les Irlandais, et bien d’autres, ont perdu leur liberté de religion à cause des restrictions liées COVID

Lois McLatchie – The National Review

Dans le monde entier, les institutions religieuses ont fait les frais des restrictions liées au coronavirus. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire à nouveau.

En Irlande, vous risquez six mois derrière les barreaux pour avoir falsifié une ordonnance de médicaments. Ou pour avoir volé 20 000 euros à votre employeur pour des vacances de luxe. Ou, jusqu’à récemment, pour être allé à l’église.

Même au cours d’une année qui a bouleversé les normes sociétales, il n’est pas surprenant que l’Irlande, qui était autrefois un refuge loin de Rome pour les catholiques d’Europe, se soit retrouvée dans cet état. Il y avait peu d’endroits plus ancrés dans la tradition de l’Église.

Jusqu’à aujourd’hui.

Le week-end dernier, le primat de toute l’Irlande, l’archevêque Eamon Martin, a déclaré qu’il avait été « humilié » lorsque le COVID-19 avait « levé le voile » sur la réalité de la position de l’Église en Irlande. L’importance de se retrouver ensemble lors du culte ne figurait pas parmi les « questions essentielles ».

L’Irlande, entre autres, a appliqué certaines des restrictions les plus draconiennes au monde en matière de liberté religieuse pendant la pandémie. Les autorités ne se sont pas contentées de fermer les lieux de culte ; elles ont criminalisé toute personne qui assistait à un service ou à une messe, malgré sa volonté de masquer ou de respecter les distanciations. Lorsqu’un prêtre du comté rural de Cavan a tenté d’organiser un service, la police a installé des postes de contrôle autour du bâtiment et lui a infligé une amende pour avoir osé proposer aux paroissiens de venir dans une grande église aérée. Pendant ce temps, les teinturiers, les supermarchés et même les magasins d’alcool sont restés ouverts. On considérait qu’il était plus sûr de prendre un merlot bon marché à la sortie d’un magasin du coin que de recevoir le pain et le vin dans un service de communion avec le Dieu saint, dans le respect des distanciations sociales.

Le droit de culte, internationalement reconnu, ayant été supplanté par le droit au teinturier, l’analphabétisme religieux du gouvernement irlandais dans le contexte des libertés fondamentales a été mis en lumière. Et c’est un problème d’une grande portée dans tout l’Occident. Dans le Nevada, les citoyens n’ont eu d’autre choix que de se rendre au Caesars Palace lorsque les casinos sont restés ouverts, mais que les églises ont dû fermer. Dans le même temps, un jeune médecin travaillant dans un service du COVID est devenu le « David » de Suisse en mai, en lançant une fronde contre l’interdiction générale, un Goliath, en obtenant de la Chambre constitutionnelle de Genève qu’elle la reconnaisse comme inutile et disproportionnée. Elle pouvait difficilement en décider autrement. Les chorales professionnelles étaient autorisées à se réunir pour s’entraîner, et les manifestations pouvaient avoir lieu. Pourquoi les chrétiens ont-ils été considérés comme plus contagieux ?

En effet, des millions d’autres personnes sur le continent ont été touchées par de sévères restrictions de culte à un moment ou à un autre de la pandémie. Pour une société construite sur des valeurs judéo-chrétiennes, cela a été une révélation brutale du peu de cas que nous faisons de nos fondements. Que quelqu’un aille voir Nietzsche – il est peut-être en train de ressortir ses habits de deuil pour proclamer que Dieu est mort.

Il est indéniable que les églises jouent un rôle extrêmement important dans la société. En période de perte et de deuil, qui peut contester l’avantage d’accéder à une relation transcendante – un endroit où trouver espoir et réconfort au milieu du désespoir ? Mais l’importance de la liberté religieuse au milieu d’une crise mondiale va au-delà du bien-être spirituel. C’est un test pour savoir quels droits de l’homme le gouvernement valorise vraiment sous la pression et lesquels il ne valorise pas. Le droit de culte est un droit profondément personnel. Lorsque ce droit est perdu et bafoué, cela met en péril le principe même de toutes les protections des droits de l’homme. Et si, dans un bouleversement mondial, il s’avère que le respect de la liberté religieuse n’est rien de plus qu’une cathédrale construite sur du sable, il ne sera pas respecté demain non plus.

Si vous entendez un chant s’élever au-dessus de la mer d’Irlande, il pourrait s’agir d’un « alléluia » – après presque 12 mois de criminalisation, les églises ont rouvert récemment, bien qu’à une capacité limitée. C’est une bonne nouvelle pour beaucoup. Cependant, le gouvernement irlandais n’a jamais reconnu que l’interdiction générale était erronée. La prochaine fois qu’une situation d’urgence se présentera, ce sera le retour des escadrons de police et des descentes dans les églises, dans un autre mélange bizarre d’Exodus et de World War Z. C’est pourquoi un homme d’affaires de Galway, Declan Ganley, a relevé le défi de persuader les tribunaux irlandais de rejoindre ceux d’Écosse, de Suisse, du Chili et de plusieurs États américains en annulant une fois pour toutes cette interdiction disproportionnée.

Les chrétiens de tout le pays expriment leur soutien à ce principe. Des centaines de personnes ont déjà signé une pétition ouverte adressée au gouvernement, lui demandant de s’engager à ce que l’interdiction ne soit plus jamais imposée. Les tergiversations et les retards des tribunaux ont laissé la situation quelque peu floue. Mais même si les églises peuvent désormais ouvrir, les tribunaux ont encore l’occasion de s’attaquer à une question beaucoup plus profonde : La liberté de religion vaut-elle vraiment la peine d’être protégée ? Le gouvernement a-t-il effectivement violé ce droit fondamental ? Et devons-nous faire mieux pour nous assurer que les droits des groupes religieux ne soient pas laissés dépourvus de protection lors de la prochaine situation de crise mondiale ?